Saison 2, jour 5 de La Guimorais à Saint-Malo
Vendredi
18 septembre
La
journée commença sous une atmosphère maussade. Je me réveillai
sans grand entrain et pris un spartiate petit-déjeuner que je
préparai dans le bungalow : café soluble, pain de la veille
sans beurre et quelques biscuits. Non, ce qui me turlupinais c'est
que dès les premiers pas au réveil, ma satanée ampoule fut
douloureuse. Je me consolai en pensant que l'étape serait courte
sauf qu'il fallait bien mettre un pied devant l'autre.
Je
quittai le camping. A l'abord du hameau de La Guimorais il faut
traverser une sorte de anse tout en longueur, estuaire d'une petite
rivière. J'étais sensé la traverser par une digue affaissée mais
praticable à marée basse, ce qui était le cas ce matin-là. Mais
faute d'indication précise j'ai longé le lit du ria pour le
traversée sur une autre digue en amont, perdant ainsi une bonne 1/2
heure ce qui me frustra, non parce que j'avais marché plus (quoique)
mais parce que je n'avais pas su suivre le traçage et passer par où
je l'avais décidé. Je crois que j'étais obnubilé par mon talon et
manquais d'attention.
La
suite du trajet avait peu d'intérêt car il suit une route qui évite
la pointe de Rotheneuf et longe des habitations sur une longue
distance. Il rejoint la côte à l'endroit où l'abbé Fouéré a
sculpté pendant 14 ans, ses œuvres (un peu nationalistes et
conservatrices) dans le granite. Mais la tête rivée à mes
chaussures, j'ai oublié ces curiosités qu'il aurait fallu voir et
loupé le site. Il y a des jours comme ça !
Je
ne me suis guère attardé non plus sur les casemates et blockhaus de
la pointe de Varde mais après avoir contourné ces vestiges
guerriers j'ai rencontré un des couples de randonneurs croisés en
début de marche. Nous avons échangés quelques mots. Ils résidaient
pour leur dernière journée à l'auberge de jeunesse de St Malo. Un
salut et je repris ma route sous le ciel bas et triste. A partir de
Minihic j'entrai dans les premiers faubourgs de la Cité des
Corsaires. Mon arrivée était proche puisque je devais résider dans
un hôtel situé dans le quartier de Paramé à l'est de la ville. Je
traînai sur le remblai de la plage de Minihic alors que le soleil
faisait une timide apparition au dessus des remparts de la Ville
Close.
Cela éveillait soudainement mon intérêt pour la perspective de cette longue côte sableuse qui s'étendait jusqu'à St Malo. Un peu de baume au cœur pour finir la marche.
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Au dessus des remparts |
Cela éveillait soudainement mon intérêt pour la perspective de cette longue côte sableuse qui s'étendait jusqu'à St Malo. Un peu de baume au cœur pour finir la marche.
Je
reçu un fort bon accueil dans l'hôtel restaurant La Gardelle. Après
la douche rituelle j'y pris un simple mais délicieux déjeuner et
requinqué je partis à la (re)découverte de la ville. Muni de mes
baskets la douleur au talon était atténuée. Le soleil perçait le
camaïeu gris des nuages amoncelés presque menaçants au dessus de
la ville. Le clocher de l'église St Vincent dominant les toitures
d'ardoises aurait presque pu les écorcher tant ils paraissaient bas.
Une légère brume au dessus de la plage parachevait de conférer à
ce tableau naturel une vision prodigieuse sur la cité alors que
derrière moi au nord-est le soleil avait gagné la bataille.
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Le clocher les aurait presque écorche |
C'était
un régal pour prendre des photos tant le paysage offert était
merveilleux dans toutes ces nuances de gris lumineux contrastant avec
la masse verte et frangée de la Manche. Courageuse une naïade
sortait du bain entourée de l'écume blanche des vaguelette venant
mourir sur la grève.
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Courageuse, une naïade |
Le
tour des remparts est un itinéraire obligé pour s'imprégner de
l'histoire de ce joyau de la Côte d'Émeraude.
J'ai ainsi arpenté le massif édifice Vauban, chargé d'histoire,
flanqué de ses tours, de ces poternes, portes et forts. Et partout
la mer qui l'assaille, mais bien protégée par les forts plantés
solidement sur leur socles de granite au milieu des eaux, la ville
résiste.
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Le tour des remparts |
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Protégée par les forts |
L'après-midi
fut vite passée et l'air iodé balayant le pavé des rues appelait à
la bière. Je dégottai un sympathique troquet très original
fréquentés par les habitué-e-s (et les touristes), décoré de
toutes sorte d'objets hétéroclites alternant avec de vieilles
publicités, des tableaux au mur. Le ton humoristique était donné
par le truchement d'un texte assez ravageur sur les touristes,
inscrit sur les menus. Je commandai ma pression et je vous le donne
Émile : je fus interpellé par mes 6 inséparables randonneurs
qui s'installaient eux aussi dans ce charmant lieu et qui gentiment
m'ont payé un coup. Nous sommes restés ensemble un moment attablés
puis se fut l'heure de la séparation définitive.
Je
trouvai une crêperie de merde où je mangeai mal (mais pourquoi
avais-je choisi celle-ci ?) puis je regagnai mon hôtel par le
bus, ce qui me permit d'avoir un autre aperçu de la ville en
traversant ses différents quartiers.
Dans la citadelle, la
nuit était tombée sur la statue de Surcouf doigt pointé vers
l'ennemi rappelant les vaillants et sanglants combats gagnés sur la
Perfide Albion. Demain je traverserai l'estuaire de la Rance par le
bus de mer et accosterai à Dinard.
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