Jour 6 de Sains au Mont-Saint-Michel, kilomètre 120


Dimanche 22 mai 2016, GR34


Hier je n'ai pas décrit ma dernière étape, tout à ma satisfaction de la mission accomplie. D'autant plus que la liaison Sains-Pontorson n'avait pas un grand intérêt touristique. De la route, de larges chemins ouverts à travers de vastes étendues plantées de céréales et une vue lointaine sur le Mont. 

Une vue lointaine du Mont
Un temps gris recouvrait le paysage et l'herbe gorgée d'eau me trempait une fois de plus les pieds. Pas grave, j'en avais pris l'habitude et la crainte des ampoules avait disparue.

Un semblant de clarté
 Arrivant de bonne heure à Pontorson, le plan prévu était de déposer mon sac à dos à l'Office du Tourisme et de visiter la ville d'un pas léger. Las ! Le dimanche c'est fermé. A quand le travail obligatoire le dimanche afin que les oisifs puissent vaquer à leurs occupations de oisifs. Que font Valls et Macron et El Komri qui concoctent la futur Loi Travail. Ça traîne, fainéants !

Ça me dépitait d'autant plus que le ciel était très menaçant, que le sac à dos m'endolorissait les épaules et que, et que, et merde !

Je décidai de me rendre à la gare afin de m'informer des horaires pour le retour… Fermée aussi la SNCF. Ouverture prévue à 13h30.

Il commençait à pleuvoir. Enervant. Je m'installais sous une aubette de bus en attendant que cessa l'averse. Le ciel essoré, je quittai mon abri pour retourner sur l'artère principale où j'avais repéré une pizzeria ; très bien une pizza pour ce midi. Je m'y présentai, demandai la permission de laisser mon sac à dos le temps d'une visite de la ville. Le serveur acquiesça avec un grand sourire.

La tournée du bled fut vite faite car il n'y avait rien à voir. Ça n'arrangea pas mon humeur. Je me dirigeai vers l'église d'où s'extrayait une foule d'endimanchés et de jeunes communiants et communiantes en aube, le cierge pascal fièrement brandi, sourire niais barré d'appareils dentaires. Qu'ils sont grotesques. D'autant plus que la plupart d'entre eux oubliera vite la promesse faite à leur créateur dès les premiers papiers cadeaux déchiquetés.

L'église était désertée de la cohorte bêlante mais ça caquetait encore à l'extérieur. J'eus juste le temps d'en faire le tour avant que le bedeau referme l'asile de Dieu. Décidément tout ferme dans ce bourg normand.

Baptème
Je ressortis par la porte latérale et j'entendis le cliquetis de verrouillage de la serrure. Ouste, le gueux. Finalement la véritable Lumière était à l'extérieur et pourtant le ciel était bas.

Je retournai au resto, m'installai pour commander une pizza bretonne (je ne suis pas sûr qu'il existe des galettes Italiennes) et 1/4 de rosé. Y avait pas ?!? Pas de licence IV. Et remerde ! Ce n'était pas le jour ! Mais pourquoi ce resto était-il ouvert ?

Bon ! La pizza était copieuse et suffit. Après le café je quittai l'établissement que je me promis de dénoncer auprès de la mafia sicilienne, non mais !

Je me dirigeai lentement vers la gare et la trouvai ouverte alors qu'il n'était pas encore 13h30. Scandaleux ! Aucun respect pour les horaires administratifs. Vraiment rien n'allait en ce jour gris dans cette cité morose.

La charmante préposée (si, si) aux renseignements m'assura que malgré la grève nationale les trains circulaient normalement vers Rennes et que je pourrais rentrer sans difficultés sur Nantes. On verra... Alors que je sortais de la gare il se mit à pleuvoir à nouveau. Remerde encore ! Il fallait pourtant que je reprenne la route. Je m'abritai sous le porche de l'hôtel "Le Mongomery" nom attribué sans doute en l'honneur du passage de l'illustre libérateur british. Je regardai s'éparpiller sous le vent le crachin normand qui troublait la ville et décidai d'enfiler le poncho et de quitter mon abri de (grosse ?) fortune et de rejoindre le Couesnon qui ici formait canal. Au loin alors que l'averse s'estompait j'entraperçus le Mont sublime.

Une allée vers le ciel

Malgré le temps maussade et les pieds trempés je reprenais la marche d'une bonne foulée enthousiaste ; 4 bornes et j'arriverai à Beauvoir. J'imaginai la douche, le temps de repos et les dernières foulées qui me mèneraient, léger, au Mont.

Beauvoir. Encore 20 mns pour atteindre la chambre d'hôte de La Salle. La chambre indépendante dont l'entrée est une simple porte vitrée, est peu spacieuse et un peu sombre. Le propriétaire n'était guère loquace et lors de nos communication téléphonique je l'avais imaginé plus jeune. Par contre la douche est de type thalasso ; des jets partout. Ca masse, c'est bon. Sauf que que l'eau s'écoulait mal et le bac se remplissait à la limite du débordement si je ne cessais de faire couler l'eau. Tant pis.

Après un moment de repos, je fis le trajet pour le Mont en bordure du Couesnon ici large canal rectiligne. 

Un large canal rectiligne
Le vent soufflait fort. Je rejoignis le barrage au niveau du grand parking et m'y arrêtai contempler l'îlot en cône et la longue nouvelle voie toute cintrée où ne circulent que les navettes et les piétons ; et quelques cyclistes bien que ce soit prohibé.

La longue nouvelle voie toute cintrée
Plein de photos à faire, surtout en noir et blanc pour cause de luminosité limitée et de couleurs fades. J'étais ravi et le coup de blues du midi était complètement oublié. J'étais aux anges bien que celui terrassant le dragon ait été extrait de sa résidence éternelle pour cause de restauration. A sa place s'élevait un échafaudage, nouvelle technique pour rejoindre les cieux.

J'entrai dans la cité. Il n'y avait pas les hordes de touristes asiatiques habituelles, les attentats des fous de dieu (l'autre, enfin le même mais avec un turban) étaient passés par là. Quelques promeneurs et badauds bien sûr mais la rue principale n'était pas envahie. L'heure tardive était sans doute une autre raison.

Quelques promeneurs
Je déambulais tranquille dans les rues escarpées, errais sur les remparts et prenais en pleine figure les bouffées d'air marin revigorantes. 
 
Quelques bouffées d'air marin
Une heure fut vite passée et il me fallait m'en retourner si je voulais ne pas me rendre trop tard au restaurant « Le Beauvoir ». J'y parvins un peu avant 20h et y fut bien accueilli. Le repas à 16€ était correct et copieux et j'en sorti repu alors que le soleil se dévoilait d'un coup juste avant sa plongée vers l'horizon. Je me précipitai vers le pont tout proche qui enjambe le canal et c'était sublime. Le soleil était jaune-orange et descendait doucement projetant ses lumières subtiles vers les nuages qui les absorbant s'habillaient d'or fondu alors que le ciel revêtait son chasuble bleu nuit.
 
D'or fondu
Photos, photos, photos. Le vent ne cessait pas son effort et la nuit amenait son poids de froidure. J'étais frigorifié mais heureux comme un enfant qui s'est bien amusé. Le soleil s'échappa derrière une barrière de peupliers et le firmament était somptueux. 
 
Derrière une barrière de peupliers
Je regardai le spectacle envoûtant une dernière fois et rentrai comblé.

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