Jour 3, de Saint Aubin du Cormier à Chauvigné, kilomètre 64

Jeudi 19 mai 2016, GR 37 et 39




Je suis installé au "Bar des Sports" tenu par Thérèse une dame rondelette frisant la soixantaine, brune frisottante et costaud. Elle passe devant ma table en direction du bar en transportant un fût de bière. Comparé, mon sac à dos c'est une pochette surprise de La Française des Jeux... ça "pèze" rien
Coup de fil de Marie...
Je reprends
Ici c'est un troquet typique de village où passent les travailleurs après le turbin. Ils sont vêtus de combinaisons, de bleus de travail, et pour ceux-là il semble que ce soit le passage obligé après le labeur quotidien. Ça cause, ça rigole, ça évoque la vie du pays et des gens qui le peuplent sous le regard bienveillant de la maîtresse des lieux. A ma gauche quatre Anglais sont assis autour d'une table où prônent divers documents qui leur servent de base de discussion. Sont-ils membres d'un club littéraire, d'une association ? Qu'élaborent-ils. Une appropriation de nos terres bretonnes ? Toujours est-il que les langues sont déliées et eux sont pleins... d'arguments et leur discussion est souvent ponctuée d'éclats de rire.

Ce matin je me réveillai de bonne heure. Le jour passait entre les interstices de la construction en bois. Il faisait un peu frisquet dans mon duvet ; j'étais tout refroidi. Sept heures ont sonnés au carillon de l'église. Une demi-heure plus tard - heure du lever matinal journalier- je me dressai sur  le lit, m'habillai en hâte afin d'éviter le hérissement de poils ; Brrr ! Après une rapide toilette dans les sanitaires j'ai croisé Rachid qui les nettoyait. C'est le responsable du camping municipal que j'avais rencontré la veille pour l'enregistrement de mon bref séjour, une jeune type sympathique souriant sachant manier le bon mot.
Au bourg c'était jour de marché et les vendeurs s'activaient à monter leur étal. Je me suis rendu dans une boulangerie pour acheter de quoi accompagner un grand café que j'ai consommé dans le bar, en face. J'y ai appris la catastrophe aérienne et subi sur grand écran tous les commentaires de soi-disant experts qui  expliquent au téléspectateur lambda les causes présumées de l'accident alors que personne n'est encore en mesure d'en connaître les causes. Passons. Ca me conforte dans l'envie de me retrouver seul avec mon sac à dos sur les chemins accidentés.
Alors que je faisais quelques courses je fus accosté par la secrétaire de mairie. Elle s'enquérait de savoir si le séjour au camping s'était bien déroulé. Elle me fit savoir, que si je n'avais pas eu de place au camping elle m'aurait accueilli chez elle. Entre randonneur m'expliqua-t-elle il faut s'entraider. Et mon charme, qu'en faites-vous, madame ? Il fallait que cette anecdote fut narrée.
Mon départ de St aubin s'effectua à une bonne allure. Le ciel s'était nettoyé et je voyais le village sous une autre tournure. Les couleurs du printemps reprenaient droit.


En sortant de St-Aubin
Le terrain était plat et rien d'exceptionnel concernant le paysage. Donc je fonçais.

Coiffé au poteau

Et cela jusqu'à ce qu'aux abords de la vallée du Couesnon. J'avais fait quelques kilomètres plaisants à travers bois. Mais au moment où je quittai le plateau et les cultures je basculai dans un univers différent. Je marchais  sous la frondaison des arbres protégés de leur ombre. Je longeais sur ma gauche des champs et des prés que je devinais à travers les haies. Mais sur ma droite c'était le plongeon. J'entendais le ruisseau qui s'écoulait plusieurs mètres en dessous. J'avais l'impression de voyager sur une corniche puisque le chemin surplombait le Couesnon que j'entendais mais que je ne distinguais pas, tellement la végétation était dense. Je longeais ainsi la rivière invisible de longs kilomètres avant de descendre en pente douce vers son lit que j'abordais à l'endroit où se dressaient deux imposantes bâtisses en pierre et aux toitures d'ardoise.  Au grondement des eaux qui s'amplifiait je devinais que l'une d'elle était un moulin. Je ne me trompais pas. Je fis une pause tout au bord du cours d'eau où un canal de dérivation rejoignait la rivière formant une île aménagée en jardin.

Une île aménagée

Je la distinguais au-delà ce qui était la construction qui faisait office de moulin, là où l'eau s'agitait en remous sonores. Le soleil était bien présent et jouait en ombres et reflets avec les vaguelettes nées du courant et du fond empierré.

Vaguelettes

J'accompagnais la rivière à plus ou moins de distance jusqu'à une passerelle de bois en amont d'un pont où passait la route. Il me fallait la traverser et reprendre le GR qui montait à pic sur une vingtaine de mètres. 


Le Couesnon

Dans cette passe pentue il me fallut escalader un rocher imposant qui faisait barrage. Ici commençait la partie sportive de la variante du GR39. Descentes raides alternaient avec montées musclées avec ou sans escaliers. C'était du concentré de dénivelés en forêt bercé par le chant du Couesnon et des oiseaux.

Le domaine des oiseaux

A ce propos, juste avant d'aborder la vallée de ce cours d'eau, mes pas furent ponctués par le chant répétitif d'un coucou. Je l'aperçus passé, mué par quelques puissants coups d'ailes,  pour aller d'un bosquet situé derrière moi à la cime d'une futaie située quelques dizaines de mètres plus avant. Il semblait me souhaiter bon courage tout au moins c'était la traduction que je voulais donner à son ramage. Encore quelques lieux et je compris à quel point il avait la gentillesse de m'encourager.

Reposoir

J'ai déjeuné au pied du Pont des Intrépides après une énième descente difficile qui suivait une montée qui ne l'était pas moins, ponctuée de raidillons avant faux-plats qui précédaient une léger dénivelé descendant compensée par une nouvelle ascension. J'étais au bord du Couesnon et pensais que le plus ardu était derrière moi. Que nenni. Quelques centaines de mètres parcourues après mon repas j'escaladais un mur de marches. Plein les pattes.

Sac à dos de l'Intrépide

Une dernière ascension m'amenait sur un plateau où le relief s'aplanit. J'arrivais à St Christophe de Valains où je m'offris une pause bienvenue le cul sur la pelouse devant une charmante église XVI-XVII siècle.


Eglise de St-Christophe-de-Valain

J'en fis la visite puis progressais dans le village entre les maisons de granite comme il se doit, fis 2-3 clichés et repris mon itinéraire pour arriver 1h1/4 plus tard à Chauvigné d'où j'écris, doux Jésus.

Eglise Notre-Dame de Chauvigné

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